« pffffffff, ça va encore être la galère pour rentrer !! »
C’est souvent la première réaction que l’on a lorsque cette annonce retentit sur le quai.
Blueedel a souhaité que je réalise un billet afin d’expliquer les procédures mises en place lorsque ce type d’accident arrive, et je pense qu’effectivement cela pourra aider à une meilleure compréhension de la situation.
Un train, du haut de ses plusieurs tonnes et en fonction de sa vitesse, met plusieurs centaines de mètres voire kilomètres avant de pouvoir s’arrêter. Il est donc impossible pour le conducteur de stopper « net » son train lorsqu’il voit une personne sur les voies. Et le drame intervient…
Après avoir déclenché le freinage d’urgence, le conducteur appuie sur le bouton d’alerte radio afin de faire arrêter tous les trains aux alentours. Cette première mesure permet de protéger la victime, en particulier si elle est toujours en vie.
L’agent de conduite informe ensuite le régulateur de la situation afin de lancer la procédure. C’est le conducteur, en se rendant sur les lieux, qui donne les premières informations. Les circulations sur les voies contigües sont interdites tant que l’on n’a pas l’assurance que la victime et les personnes qui vont intervenir (pompiers, police, agents SNCF, …) sont protégées.
Pourquoi est-ce que la circulation est arrêtée aussi longtemps ?
Il faut en moyenne 2h avant que la circulation puisse reprendre afin que tous les intervenants puissent faire leur travail en toute sécurité, sans risques liés aux trains passant sur les voies à proximité :
*Les pompiers, médecins, pompes funèbres… : pour secourir la victime si elle a survécu, ou pour constater le décès, et également pour emporter la victime.
*La police : afin de réaliser le début de l’enquête. En effet, un accident de personne peut, comme son nom l’indique, être un accident, mais également un suicide ou un meurtre (personne poussée). Seule l’enquête le déterminera. Il faut attendre éventuellement l’arrivée de la police scientifique, demandé par l’OPJ (Officier de Police Judiciaire), pour compléter l’enquête.
*Les agents SNCF : pour prendre en charge et remplacer le conducteur, évacuer la rame si nécessaire, emmener le train au dépôt, et pour encadrer l’intervention.
En général, ces personnes sont rapidement sur place, mais il faut encore ajouter au temps de déplacement, le temps de l’intervention.
Dans tous les cas, ce sont les secours, pompiers et police, qui autorisent la reprise du trafic, quand ils jugent que l’incident est terminé.
Pourquoi ne pas faire circuler les trains « à faible vitesse » sur les voies à côté ?
Comme je viens de le préciser, c’est dangereux pour les personnes sur place (même à faible vitesse), et parfois le corps de la victime peut être sur plusieurs voies (je vous épargne les détails …). Sans compter le macabre et traumatisant spectacle pour les voyageurs qui passeraient à proximité.
On pourrait dans certains cas circuler sur la voie contigüe, mais de toute façon, nous sommes soumis à l’autorisation des pompiers et de la police.
SNCF travaille avec les préfectures pour sensibiliser les secours sur la nécessité de libérer les voies, le plus rapidement possible. Un exercice à été réalisé en septembre 2011 à Fontaine-le-port (ligne R), en collaboration avec les pompiers, la préfecture et les services du procureur de la république pour démontrer que l’on peut circuler selon les cas sur la voie contigüe à faible vitesse.
Une fois l’intervention terminée, la circulation peut reprendre progressivement, mais le plan de transport ayant été totalement désorganisé (trains et conducteurs pas à l’endroit prévu), il faudra plusieurs heures pour qu’elle redevienne « normale ». Entrainant de nombreuses suppressions et autant de retards.
Une substitution routière peut être mise en place en fonction de l’endroit où l’accident à lieu. Mais ce n’est pas toujours possible car il faut un nombre de bus suffisant (environ 70 places par bus) pour transporter nos clients, et le temps de trouver un transporteur disponible, en y ajoutant le délai d’acheminement, la circulation des trains est parfois de nouveau autorisée.
Je vous propose de visionner cette vidéo réalisée il y a quelques années par Transilien, et qui résume assez bien la situation lors d’un accident de personne :
http://www.youtube.com/watch?v=G9Gcov2cuQQ
Merci pour ces infos
Juste une anecdote : un collègue de travail utilisant la ligne R a une fois été « victime » d’un incident similaire
Un « usager » a couru pour prendre le train de la ligne R Gare de Lyon. Malheureusement il a trop couru … malaise, signal d’alarme. Le train s’est arrêté à Villeneuve, il était vers les 18h / 18h30.
Le passager étant décédé, il a fallu attendre un OPJ, les pompiers ne semblant pas habilités à déplacer la personne 🙁 . L’OPJ venant de Versailles, à l’heure de pointe, vous imaginez l’attente ….
Bref mon collègue est arrivé chez lui vers les 21 h ..
Ton collègue … et 100 000 personnes !
Merci beaucoup Christel, je pense qu’il est effectivement important de comprendre la situation malgré le fait que nous autres on râle…
Ce sont des précisions utiles. Il est aussi évident qu’un accident risque de bloquer la circulation durant un bon moment.
Beaucoup ici se souvienne de l’accident ayant eu lieu en fin d’année en gare de Grigny centre. Une personne avait traversé les voies pour ne pas rater son train le voyant arriver en sens inverse. Cette décision lui fut malheureusement fatale.
Ce fut surprenant en passant au ralenti en gare de Grigny, aprés intervention des services, de voir le corps encore présent sur le quai, certes recouvert, à l’exception des chaussures, mais tout de même.
Je vous passe certains commentaires douteux de mes voisins de transport, dont ceux hilares et déplacés de deux jeunes filles qui auraient certainement la palme du mauvais goût ce matin là.
Une scène amusante en rapport avec ce drame s’est déroulée plus tôt à Juvisy. Nous étions environ… disons beaucoup coincés sur les quais B de la gare. Une employée s’époumonait à hurler en nous engueulant (le terme est faible): « Ce n’est pas la peine d’attendre ici, il n’y pas de train, prenez le train sur le quai en face qui va à Paris! Mais alors, ne restez pas là, bougez puisque je vous le dit qu’il n’y aura pas de train, vous allez dégager le quai vite fait! »
Nous étions pliés en deux sur le quai à l’entendre s’exciter toute seule dans son micro. Ma cocotte jolie, si les gens sont venus de Paris, c’est pour aller bosser et non pas reprendre un train pour revenir d’où ils viennent! Je vous passe ses explications foireuses sur les services de car qu’elle nous encourageait à prendre, en nous faisant clairement comprendre qu’il nous fallait nous démerder par nous même.
Bonjour Christel,
Existe-t-il une cellule de soutien psychologique pour les usagers témoins de ce genre de drame ? La question nous a été posée.
Merci
Bonjour Christelle,
Avez-vous pu avoir une réponse à cette question ?
Merci
Bonjour TGV91,
Lors d’un « gros » accident, une cellule est mise en place, mais d’après les premières informations que j’ai eues, il n’y a pas de numéro de téléphone mis à disposition des voyageurs.
Je pense que la SNCF pourrait lier le personnel et les voyageurs car lors d’un tel drame, plus d’une personne est choquée et de façon assez violente.
Pour mémoire, je n’ai vu que l’intervention et le « ramassage » par les pompiers du haut de mes 16 ans à l’époque, et j’avoue que rien que ça, c’était affreux !
« Existe-t-il une cellule de soutien psychologique pour les usagers témoins de ce genre de drame ? La question nous a été posée. »
Je connais quelqu’un qui pourrait témoigner, mais il ne fréquente pas ce blog. Il avait été témoin de ce genre de drame et il s’était fait envoyer sur les roses. Mais c’était il y a quelques années, et depuis il y a peut être eu quelque chose de mis en place
intéressant : http://www.maligne-ter.com/bordeaux-arcachon/index.php?post/2012/01/05/Accident-de-personnes-sur-la-voie