J’ai eu la chance de pouvoir me rendre sur un chantier de rehaussement de quai, en gare de Boussy Saint Antoine. Je vous emmène en coulisses
Dans la nuit du 2 au 3 septembre, j’ai pu me rendre dans les coulisses d’un chantier. Les travaux sont à l’origine de modifications régulières des horaires de vos derniers trains et génèrent parfois chez vous, les voyageurs, une forme d’agacement ou de l’incompréhension. J’ai donc souhaité me rendre sur un chantier pour partager avec vous des éléments sur le déroulement d’un chantier : Combien d’ouvriers œuvrent la nuit pour permettre le jour d’avoir des gares rénovées et adaptées ? Quels outils sont nécessaires et utilisés dans cet environnement ferroviaire particulier ? Quel dispositif de sécurité est mis en place lorsque des trains circulent à proximité du chantier ? Autant de questions sur lesquelles je vais tenter de vous apporter un éclairage après vous avoir fait un premier retour sur images d’un chantier de l’été.
Voici en images un retour sur le déroulé d’une nuit de chantier à Boussy Saint Antoine :
1 – Briefing et Point d’étapes chantier
Le responsable du chantier côté SNCF fait le point avec le responsable du chantier de l’entreprise de BTP qui réalise les travaux.
Après ce point, les équipes sont briefées par un responsable de la sécurité du personnel sur le chantier. Il veillera tout au long de la nuit au bon respect des règles de sécurité mais aussi au bon fonctionnement du dispositif « d’annonces » des dangers (coups de klaxons des engins de chantiers à l’approche de la zone où évoluent les ouvriers ou encore avertissements sonores lorsqu’une circulation de train arrive à proximité du chantier)
2- Équipement
Après ces briefings, les agents mettent leurs équipements de sécurité. Il s’agit pour chacun d’entre eux de porter un casque accompagné d’une lampe frontale pour travailler dans de bonnes conditions de visibilité. Ils sont également munis d’une tenue de haute visibilité pour être repérés de loin (les tenues de chantiers orange avec des éléments réflecteurs de lumière) et de chaussures de sécurité.
3- Préparation du matériel
Une fois les agents prêts et habillés, ils préparent et vérifient leur matériel. D’abord le matériel de sécurité pour faire les annonces (on appelle ça des trompes grande puissance), les matériaux de chantiers qu’il faudra amener sur la zone de travaux à l’aide des pelles rail-route (des engins de chantiers dotés à la fois de moyens de circuler sur la route ou sur les rails) et les outils.
4 – Protection du chantier
Les agents SNCF passent des « dépêches » c’est-à-dire des demandes vers les agents des postes de régulation et circulation pour obtenir l’interruption des circulations puis la coupure de l’électricité dans les caténaires au-dessus de la zone du chantier. Une fois ces dépêches passées la zone est protégée. Le chantier est délimité par des dispositifs visibles et qui assurent une sécurité supplémentaire afin d’éviter que les engins ne les franchissent (pétards sur la voie, perches sur la caténaire …). Après toutes ces opérations, la zone de chantier est sécurisée et les travaux peuvent démarrer.
5- Les travaux
Cette nuit-là, les ouvriers ont une plage de 3 à 4h pour rehausser l’avant du quai – sur une longueur de 4 dalles podotactiles- et remettre un lampadaire ainsi qu’panneau sur le quai.
Le nouvel enrobé sur la totalité de la zone de chantier sur le quai sera fait ultérieurement. Le quai reste accessible et utilisable pour les voyageurs en journée malgré son aspect non définitif.
6- Évacuation de la zone de travaux
Après les travaux, les ouvriers quittent le chantier, le responsable de la sécurité du personnel sur le chantier vérifie que tous les outils et tous les agents ont quittés les emprises ferroviaires. Il s’assure également que rien n’entrave la reprise des circulations sur la zone. Après ces vérifications, les agents SNCF qui ont demandés les interruptions par dépêches rendent à leur tour la zone. L’intégralité des opérations de sécurité faites en début de nuit se font dans l’ordre inverse afin de rendre la zone exploitable pour les circulations commerciales.
7 – Fin de la nuit travaux
Après l’évacuation des agents et outils de la zone, la restitution des dépêches de protections, la nuit de chantier travaux est terminée et les trains peuvent de nouveau circuler.
J’espère que ces explications vous permettent de mieux comprendre en quoi consiste un chantier de travaux de nuit pour rehausser une portion de quai. J’ai, à titre personnel, été impressionnée par le déploiement des outils. Les pelles rails-routes ont chacune un rôle précis : la « petite » pour effectuer les opérations directes de chantier telles que les déplacements et remise des dalles podotactiles après la mise à hauteur du quai ; la « grande » a un rôle de « magasinier ». Elle amène depuis le lieu de stockage du chantier les matériaux et même l’eau dans une cuve pour fabriquer le ciment à même le quai. Cette pelle peut d’ailleurs rouler jusqu’à 30 km/h et doit systématiquement annoncer son arrivée à proximité des ouvriers, pour cela elle klaxonne ce qui peut expliquer en partie les nuisances sonores que vivent les riverains des chantiers de nuit.
Un autre fait qui m’impressionne est la longueur de quai rehaussé cette nuit-là, sur la longueur de 4 dalles podotactiles. Cela peut expliquer la durée de ce type de chantier surtout lorsque c’est toute une gare qui se refait une beauté car finalement il n’y a que très peu de temps alloué réellement aux travaux, la préparation et la sécurisation de la zone prennent un temps significatif mais incompressible.
J’attends vos questions avec impatience, j’aurai également plaisir à vous emmener de nouveau dans d’autres coulisses, sur d’autres types de chantiers. Je remercie les équipes de SNCF Réseau qui m’ont accueilli et ont rendu possible la rédaction de ce billet « coulisses d’un chantier », premier d’une série que je souhaite longue.
Mais alors, comment avec une procédure aussi méticuleuse peut-on se retrouver avec un quai qui n’est pas à la bonne hauteur à Juvisy?
Car il ne convient pas, ni aux RER « heritage », ni aux futurs RER NG, ni aux Regio2N.
Rappel, il faut respecter une norme, et pas une directive européenne comme notre ancien directeur le croyait, et cette norme impose une lacume maximale de 10cm, horizontalement et verticalement.
Bonjour jferet, les travaux que j’ai pu voir se sont déroulés à Boussy, concernant la gare de Juvisy je n’ai pas les éléments précis à vous donner ce matin, au moment où je vous écrit cette réponse. Cependant, je note cette question et j’irai faire une expérience client en gare de Juvisy très prochainement, je ne manquerai pas de porter une grande attention à ce point délicat. Et ensuite de revenir vers vous.