Plusieurs incidents survenus coup sur coup ont perturbé votre soirée. Détails et explications dans ce billet.
Ce mardi soir a été très difficile sur le RER D. Les fortes perturbations que vous avez pu rencontrer s’expliquent par plusieurs incidents intervenus de manière très rapprochée, sur le tronçon central et commun avec le RER B, en heure de pointe, qui ont ensuite été très longs et difficiles à gérer du fait de nombreux signaux d’alarmes et ensuite de voyageurs descendus sur les voies. La combinaison de tous ces incidents dans la zone ferroviaire la plus circulée de France, en co-gestion avec la RATP, a compliqué et ralenti le retour à la normale des circulations.
UN BAGAGE OUBLIÉ, PLUSIEURS SIGNAUX D’ALARME, DES DESCENTES SUR LES VOIES ET DEUX MALAISES VOYAGEUR
17h45 : Un bagage oublié dans un RER D, en Gare du Nord à la voie 44 (sens nord sud), nécessite de déclencher la procédure « colis suspect » et l’intervention d’une brigade cynophile (c’est-à-dire une brigade spécifique avec un chien formé à la détection d’explosifs). Le traitement de cet incident impose l’arrêt en pleine voie de 2 trains, un RER D et un RER B.
17h57 : La brigade cynophile arrive sur place et permet de lever le doute sur le bagage oublié, le RER D arrêté hors quai peut alors rejoindre le quai.
18h00 : Compte tenu de la densité des circulations, un RER B s’arrête en pleine voie, à l’entrée de Gare du Nord à proximité de la voie 42. A peine 1 minute plus tard, le conducteur émet une alerte radio car il constate un signal d’alarme sur sa rame. Le signal d’alarme débloque la fermeture des portes et il y a donc une présomption de descente de personnes sur les voies. Cette alerte impose l’arrêt immédiat de toutes les circulations sur la zone pour éviter tout risque d’accident. Une équipe de vérification est envoyée sur place pour s’assurer de l’absence de voyageurs sur les voies. Le conducteur doit lui opérer un réarmement du dispositif de signal d’alarme, ce qui nécessite qu’il quitte sa cabine pour rejoindre la voiture qui a émis le signal et qu’il réinitialise l’équipement d’alarme.
18h04 : Fin d’intervention de la brigade cynophile, la procédure pour le bagage oublié est terminée
18h15 : La procédure de vérification de l’absence de personne sur les voies et de réarmement du signal d’alarme est terminée sur le RER B. La circulation est alors autorisée à reprendre. Malheureusement, un malaise voyageur à bord d’un autre RER B survient à l’entrée de Gare du Nord et 3 min après c’est un RER D qui émet une alerte radio suite à un signal d’alarme non expliqué, et qui nécessite là encore que le conducteur vérifie que personne n’est descendu sur les voies et réarme le dispositif de signal d’alarme.
18h24 : Un signal d’alarme est alors à nouveau tiré sur un RER B car une femme enceinte se trouvant à bord a été prise de contractions. Les pompiers sont alors sollicités.
18h31 : A ce stade de la soirée, 9 trains sont arrêtés en pleine voie, 7 RER B et 2 RER D (dont un vide), tous au moins partiellement engagés dans le tunnel.
18h47 : Au moins une dizaine de passagers est descendue sur les voies, sans encadrement. Des agents de sûreté de la SNCF et de la RATP vont à leur rencontre dans le tunnel pour les assister. Les circulations sont totalement interrompues dans le tunnel ; l’interconnexion du RER D (c’est-à-dire la traversée de Paris du nord au sud ou du sud au nord) est suspendue.
Entre 18h50 et 19h10 : De nouvelles alertes radio sont émises et des signaux d’alarme tirés, la situation se complexifie encore. A chaque fois, le conducteur doit quitter sa cabine de conduite pour aller réarmer le système d’alarme, en cheminant dans le tunnel. Durant ces manipulations qui prennent du temps, le conducteur n’est pas disponible pour prendre la parole auprès des voyageurs restés à bord. De nouveau des personnes descendent sur les voies, sans y avoir été invitées et sans être encadrées, pour cheminer dans le tunnel et tenter de rejoindre la prochaine gare.
19h14 : Les pompiers sont en cours d’acheminement vers le train dans lequel se trouve la femme enceinte qui a besoin d’assistance.
19h47 : Après réarmement des différents signaux d’alarme et de multiples vérifications, les circulations reprennent en marche très prudente. Les premiers RER B sont remis à quai pour être évacués.
19h58 : Le RER D qui était bloqué sous le tunnel se remet à son tour en marche très prudente pour rejoindre le prochain quai de son parcours.
20h45 : Les voyageurs sont tous en sécurité sur les quais, les circulations reprennent dans l’ensemble du tunnel, toujours en marche prudente pour bien confirmer qu’il n’y a plus personne sur les voies.
21h40 : Deux premiers RER D circulent à nouveau normalement dans le tunnel
DES PROCÉDURES DE TRAITEMENT COMPLEXES MAIS MISES EN PLACE POUR GARANTIR VOTRE SÉCURITÉ
L’alerte radio
Une alerte radio, comme expliqué dans le billet détaillé juste ici, c’est une procédure qui arrête un ensemble de trains circulant sur une même zone afin de garantir la sécurité des circulations. Ces alertes sont émises pour différents motifs et notamment lorsqu’il y a un risque de présence de personnes sur les voies, pour éviter l’accident de personne et le sur-incident.
Le SAI – Signal d’Alarme par Interphonie
Le signal d’alarme, utilisé à mauvais escient, rajoute de la complexité dans la procédure de gestion de l’incident et dans la reprise des circulations. En effet, le signal d’alarme quand il est tiré lorsqu’un train est arrêté hors quai, débloque la fermeture des portes et amène donc le risque de personnes qui descendent sur les voies. Il a donc pour conséquence l’alerte radio déclenchée par le conducteur pour arrêter tous les trains qui circulent dans sa zone. De plus, ce dispositif doit être réarmé, directement dans la voiture où il a été tiré, par le conducteur (ou du personnel SNCF formé et habilité en gare par exemple) lorsqu’il est déclenché. Ainsi, dans le cas de la soirée d’hier, les multiples signaux d’alarme tirés de manière intempestive, dans le but de tenter d’ouvrir les portes des RER, ont monopolisé les conducteurs sur des procédures de réarmement durant lesquelles il leur était impossible de passer des annonces d’information pour rassurer les voyageurs et enrayer la complication de l’incident
Le personnel d’évacuation
Le nombre de personnels formés et habilités à superviser une évacuation de train et à l’assurer en toute sécurité évolue positivement mais n’est pas encore suffisant pour assurer l’évacuation simultanée de 8 trains arrêtés en pleine voie comme c’était le cas hier soir.
Ces procédures de gestion des incidents peuvent vous sembler longues et contraignantes cependant elles sont menées dans le seul but de préserver la sécurité des voyageurs. Il est primordial, et on ne le répètera jamais assez, de ne pas tirer le signal d’alarme sans raison impérieuse et de ne pas ouvrir les portes et descendre sur les voies. Ces ouvertures de portes et ces descentes sur les voies ralentissent considérablement la reprise des circulations. Hier, pour exemple, le bagage oublié à l’origine du problème était géré et traité en 20 minutes, les circulations, d’abord ralenties puis maintenues à l’arrêt en pleine voie à l’approche de Gare du Nord auraient pu reprendre, avec ralentissements, après ce délai si aucun voyageur impatient n’avait tiré inutilement le signal d’alarme ni n’était descendu sur les voies sans supervision dans le tunnel.
UNE INFORMATION INCOMPLÈTE ET INSUFFISANTE
On le voit dans ce récit, comme dans d’autres qui nous sont parvenus sur le fil Twitter du RER D, ce qui vous a manqué c’est de l’information à bord.
De plus, votre ressenti est que les annonces en gares n’étaient pas assez précises et complètes pour vous orienter correctement vers des solutions alternatives.
Dans une situation comme celle d’hier soir, il est difficile de pouvoir annoncer précisément une heure de reprise des circulations lorsque des personnes sont sur les voies et que 9 trains sont arrêtés hors quais. Les centres opérationnels des lignes D et B, durant tout l’incident, réfléchissent en permanence à l’adaptation du plan de transport et au scénario de reprise avec les modifications de dessertes. Une fois ces décisions prises, elles sont transmises au personnel de régulation qui fait appliquer les directives. En parallèle elles sont transmises aux équipes d’information voyageurs afin de faire les annonces adaptées.
Tant que les informations précises ne leur sont pas parvenues, les annonces vous semblent donc incomplètes. Or, les informations précises sont compliquées à stabiliser dans le cas d’une situation qui évolue en continu.
Enfin, pour répondre à @gaoule3, nous faisons parfois des choix qui vous semblent incongrus et inadaptés comme celui de rendre un train terminus à Villeneuve et de l’envoyer vide vers Paris. Si cette option est choisie par la régulation, c’est qu’elle sait qu’elle va faire stationner ce train en pleine voie. Et pour éviter un nouveau signal d’alarme, une nouvelle alerte radio et donc de nouvelles personnes sur les voies, le choix est donc fait de l’envoyer vide. Cela peut sembler incompréhensible pour des voyageurs qui restent dans leur train mais c’est là encore une question de sécurité.
Nous avons conscience que la soirée d’hier a été très difficile et que le retour vers votre domicile a parfois été très (trop) long. Une attention particulière sera portée à la prise de parole des conducteurs pour vous informer à bord des trains. Vos nombreux témoignages sur Twitter sont lus et étudiés et nous servent pour déterminer les améliorations prioritaires dont vous avez besoin dans la gestion de situations perturbées. Je vous laisse me faire part en commentaire des remarques et interrogations que vous pouvez avoir après lecture de ce billet.
Bonjour Lucy.
Pour le problème des trains qui repartent à vide vers Paris, les usagers, au moins ceux qui veulent aller jusqu’à Paris, ne comprennent pas que ce soit l’option « à vide » et pas l’option « exceptionnellement direct GDL » qui soit appliquée. En effet, dans le cas du « direct GDL », il serait possible de décaler un train direct de sa voie sur une voie GL pour le réinsérer vers le secteur de Bercy pour la reprise normale (ou même l’envoyer faire un terminus en surface si une voie est libre pour le faire repartir de Paris vers le sud, à condition qu’ensuite l’info voyageur suive le rythme en indiquant bien l’horaire de départ en surface, le hall et le quai de départ, et qu’à 5mn du départ, il n’est plus possible d’accéder à ce train depuis les quais souterrains compte tenu du temps de parcours).
Bonne semaine.
Bonjour Vanille, le train direct c’est une option qui je pense a été étudiée par nos gestionnaires des circulations au moment de la création des scénarios de gestion des situations perturbées. Si cette option n’a pas été retenue c’est qu’il doit y avoir des impossibilités techniques ou bien encore des questions de politiques de circulations; un RER D ne peut venir s’intercaler dans un plan de transport TGV sans provoquer de gêne. Et dans le cas cité, le train est envoyé vide car on sait qu’il sera arrêté plus loin sur son parcours, entre 2 gares et on ne souhaite pas ajouter un risque de descente sur les voies, on a vu avec ces incidents que la tentation est trop grande de descendre.
Merci en tout cas de nous proposer des alternatives et solutions, ça permet d’étudier divers pistes et possibilités et ça rend l’échange plus intéressant et constructif.
J’oublais, Lucy, un autre problème que vous n’avez pas soulevé et que je soulève ici, qui relève du fil Twitter.
Chapeau bas à la personne qui a fait l’infotrafic en indiquant pour une fois les infos dans le détail (départ des trains, leur direction, leur desserte omnibus)… sauf qu’à chaque fois, il est indiqué un n° de train (comme celui du graphe de l’ADC qui effectue sa mission).
Cependant, si un ADC sait que le 541XXX va à X et le 511ZZZ va à Z (pour l’exemple), le voyageur, non. Le voyageur fonctionne en nom de mission (Z = Melun, R = Corbeil / O en 2nd = omnibus, A = desserte de MFA/Pompadour/VSG, U = desserte de MFA/VSG, I = direct entre GDL et VSG / 3ème lettre pour Combs si C, Vallée si V ou Plateau si P et S pour le littoral si la navette ne circule qu’entre Corbeil et Malesherbes ou Melun, et A pour le Nord et O pour le Sud en dernière lettre).
Question : les informateurs du blog, est-ce qu’il faut que les voyageurs leur fassent ce cours pour qu’ils apprennent à écrire que les trains sont des ZOCO ou ROPO, ou c’est juste trop compliqué d’écrire des lettres plutôt que des chiffres sur Twitter ?
Merci Vanille pour cette remontée, je la transmets aux CM qui étaient derrière le fil et qui travaillent directement avec moi. C’est vrai que c’est un détail pour un initié mais qui a beaucoup beaucoup d’importance pour un voyageur qui ne maîtrise pas toutes ces subtilités. Et en étant la tête dans le guidon au moment de, la gestion de l’incident on ne fait pas forcément attention à ça ! Ces remontées sont précieuses, merci à vous
plus d’informations même inutile comme « bonjour à toutes et à tous nous pouvons pas repartir de message je n’ai pas plus d’information à vous dire uniquement un ordre qui m’a été donné sûrement un problème survenu sur les trains précédents nous revenons vers vous dès que nous avons plus d’informations »
ce message est strictement inutile mais ration la plupart d’entre nous car on a au moins une information
Bonjour Justeen, je suis en accord avec vous et c’est justement à cette prise de parole que nous travaillons avec les conducteurs. A savoir une prise de parole rassurante, qui même si elle ne donne pas une information précise, montre que les voyageurs ne sont pas délaissés et abandonnés. Je vous souhaite ne plus avoir a vivre ce genre de situation et avoir des annonces lors de prochains incidents que vous pourriez vivre.